.... ou « Le jeu de rôle en convention : les
raisons qui me poussent à arrêter
».
Mise en garde : Ce message est
strictement
personnel. Il n'engage que moi et ne vous apportera pas grand chose si
vous décidez de le lire. Ce n'est pas une critique à l'encontre des
Tisseurs (je ferai un compte rendu approprié plus tard) ou autre
convention / tournoi. Cependant, après ce week end, j'ai ressenti le
besoin de m'exprimer sur la décision qui me pousse
à arrêter le jeu de rôle en convention.
Donc
en gros, si vous avez du temps à perdre, et que vous voulez savoir
pourquoi j'arrête de jouer en convention, je vous en prie. Sinon passez
votre chemin, ça va être long
Flash back : 2ème
année de fac. Aix. Je découvre le jeu de rôle. Quel que soit le jeu
auquel je joue (Vampires : La Mascarade, 7ème Mer, L5A, Vermine,
Spécial Silhent Hill adapté, Exil, Cthulhu, Cyberpunk, …) je m'éclate.
Avec un E majuscule.
Je suis transportée dans des univers différents, merveilleux, horrifiques, étranges, cybernétiques, etc., je m'
Evade. Mes conteurs de l'époque sont quasiment à mes yeux de débutante des Dieux Du Conte et restent toujours inégalés.
Il y a des ratés bien évidemment (scénarii linéaires de m*rd*, Pjs boulets, …) mais quoiqu'il en soit, j'adore.
Sans
voiture, mes Conteurs habitant Martigues et/ou Aix, il m'est difficile
de jouer régulièrement avec eux (aaah, le bon temps des parties qui
commencent à 20h et se terminent à 6h) alors mes parties s'espacent. Je
commence donc à fréquenter le salon de Gémenos, Rôle N Troll : Je suis
à l'époque bien trop inexpérimentée pour « juger » de la qualité
d'une
partie, et de toutes façons j'ai l'assurance de jouer au moins une
partie libre avec un de mes Conteurs préférés, donc c'est bon.
Peut
être que mes souvenirs se sont cristallisés, et que j'encense beaucoup
trop cette époque. Mais j'ai réellement l'impression que mes meilleurs
RP se sont faits à des parties de Cyberpunk et Exil autrefois. (C'est
d'ailleurs une des
raisons pour lesquelles je continue de choisir
Cyberpunk alors qu'entre nous, cet univers ne me correspond pas des
masses, à bien y regarder. Une erreur de ma part, je sais. Bref).
Puis je pars à l'étranger. Adieu jeu de rôle pendant au moins un an.
Et en rentrant en France, j'entre un jour dans une boutique étrange nommée la Crypte.
Quelques
jours plus tard, 1ère partie de Warhammer avec Ben au sein d'Animation
Campus. A ma table, des joueurs qu'évidemment je ne connais pas (à
l'époque). Je pédale un peu, c'est difficile de me remettre à jouer, je
n'ai aucune expérience de Warhammer. Mais ça me plaît. Je m'amuse bien
et reviens l'année suivante.
Fin du Flash Back. C'est là que commence ma « réflexion ».
Ce
n'est pas du léchage de botte ou des flatteries d'égo gratuites ou au
contraire des attaques, donc je ne citerai personne et les prénoms
seront changés afin d'éviter toute susceptibilité mal placée. On est
sur un forum, ça peut
partir vite, alors restons neutre, ou du moins, essayons.
C'est
donc au sein du club plusieurs façons de mener. Certaines me
conviennent parfaitement. D'autres, pas du tout. Mais surtout, je «
teste » la multiplicité de Conteurs sur un même jeu. Je n'irai pas
jusqu'à dire que c'est un choc, mais presque. Je m'aperçois donc qu'un
même jeu m'emm*rd* profondément s'il est mené par Robert, alors que je
suis prête à acheter le bouquin et m'embarquer pour une campagne s'il
est mené par Georges. Et le changement s'opère en moi petit à petit :
je juge de la qualité d'une partie EN AVANCE, avant même de commencer à
jouer, selon si mon Conteur est Bidule ou Gudule, ou selon si à ma
table, j'ai Boubou et Mamou ou Rajeevan et Kesavan. Je deviens une
simple rôliste, avec des préjugés, qui veut faire une bonne partie
selon ses critères personnels. Normal, peut être.
Sauf que mes critères personnels, de référence, restent « élevés », surtout en ce qui concerne le Conteur. Bref.
Je
recommence à fréquenter les conventions et autres salons. Et très
honnêtement, mis à part 2 parties exceptionnelles, le reste du temps,
généralement je m'ennuie.
Beaucoup de personnes parlent du
plaisir de jouer, de s'amuser simplement avec d'autres gens. C'est
justement l'occasion, selon elles, de pouvoir interagir avec des
joueurs/conteurs autres que ceux des cercles d'initiés habituels. Si je
partageais ce point de vue au début, je ne le partage plus du tout
désormais.
Avec moi, c'est Pile ou Face. Pile, je surkiffe
comme une adolescente devant un poster de la dernière starlette
masculine à la mode, Face, je m'ennuie comme un topinambour rassis dans
un frigo au Pôle Sud. Pas de tranche, pas de milieu, pas de
demi-teinte. Pour rester politiquement correcte, je dis que « ouais
c'était sympa mais sans plus » mais au fond de moi, je me dis « c'était
incroyablement décevant ». Je garde en mémoire les parties d'antan, et
(symboliquement) je pleure.
Je m'évade de moins en moins. Je
rêve de moins en moins. Je m'amuse de moins en moins. En gros, j'aime
de moins en moins le jeu de rôle.
Et ça, je veux l'éviter.
Je
l'ai dit rapidement à Ben : je me suis posé la question, au final,
est-ce que je peux, est-ce que je sais encore jouer ? Subir autant de
déceptions, c'est sûrement un problème qui vient de moi, non ?
Mais
j'ai pu avoir une partie qui m'a fait beaucoup de bien et m'a confirmé
une chose : j'aime le jeu de rôle « selon moi ». Selon mes critères.
Selon mes attentes. Et tant pis si je passe pour une sale élitiste de
merde, mais je ne veux plus jouer avec des conteurs que
jejuge mauvais (mais qui peuvent être bons selon d'autres), avec des
conteurs moyens, ou des conteurs qui ne mènent pas comme je l'aimerais.
Je ne suis pas une bonne joueuse, je ne suis pas une bonne conteuse.
Je n'ai pas le droit de choisir mes conteurs, et pourtant ce droit, je
le prends. Je ne jouerai donc plus en convention, je ne jouerai plus
avec le risque de m'ennuyer mortellement (et au final de pénaliser la
table), je ne jouerai plus pour jouer mécaniquement, machinalement. Je
veux jouer pour passer un bon moment. Si cela signifie que je ne joue
plus du tout, alors ce risque je le prends. Mais au moins, je garderai
encore un souvenir merveilleux des parties que j'ai pu avoir jusqu'à
présent.
Je ne veux plus avoir de Conteurs décevants. Un
Conteur doit m'emmener avec ses gestes, sa voix, ses descriptions, ni
trop longues ni trop sommaires, il doit me subjuguer en début de partie
afin que j'adhère totalement à son jeu, à son aventure. Et c'est comme
quand on rencontre une personne : en moins d'une minute, on a notre «
première impression » qui ne nous lâchera quasiment plus jamais. Quand
une partie commence, en moins de deux phrases et de deux mouvements, je
sais si je vais vénérer le Conteur ou me contenter de l'écouter comme
un étudiant glandeur qui vient en cours à 8h en décuvant. Je repose
énormément sur le Conteur. De lui dépend si je vais avoir envie de
participer,
de vivre l'aventure. Si je ne suis pas motivée,
j'abandonne facilement et ne m'implique pas. Il suffit alors qu'une
contrariété advienne lors de mes interactions avec les autres Pjs pour
que je décide de ne plus exister à table.
(
Exemple très
con, je sais, mais avec des mjs peu motivants, il ne m'en faut pas
beaucoup : S'étant fait arracher un gros morceau de jambe par un
alligator, un pj réclame qu'on l'assomme par pitié, au moins, alors que
les autres
déblatèrent : on fait un garreau, on cautérise avec la
poudre, on recoud, on fait un Kamoulox, … Personne ne l'écoute-entend,
je dis donc au mj que pris de pitié et affolé, j'essaie de l'assommer,
mais... Avant même que j'ai pu finir ma phrase (allais-je vraiment
essayer de l'assommer ? avec une poutre ? Un fusil ? Une pichenette ? Un
castor
mutant ?), un pj me coupe « Et tu l'assommes avec quoi, la crosse de
ton fusil de six kilos ? Tu veux la tuer ? Tu réfléchis ou bien ? »
Fatiguée, je n'ai même pas essayé de jouer (-mais enfin, vous parlez
librement de gangrène et d'amputation, de manières de cautérisation
barbares, ayez pitié, c'est une femme, elle a pas fait la guerre,
blablabla). De toutes façons, même si en dépit de tout le sang perdu la
pauvre PJ n'était pas dans les vapes, Pj-long-à-la-détente lui a filé
de l'héroïne et elle a discuté avec Cheshire ensuite, nickel) De même je ne veux pas prendre le risque d'avoir un bon jeu, un bon Conteur et des Pjs qui maltraitent la partie.
Pour
toutes ces raisons diverses qui sont, je le répète totalement
personnelles, subjectives et égoïstes, j'ai donc décidé de ne plus
jouer en convention.
Je viendrai peut être juste en touriste.
Je mènerai peut être (et dès lors, vous pouvez très bien me souhaiter
une table de m*rd* pour me punir de mon égoïsme).
Je peux changer d'avis aussi dans 5 ans. Mais pour l'instant, c'est niet.
Je
suis fatiguée d'être déçue par les Conteurs, les scénars, les Pjs. Je
joue trop peu pour me permettre d'avoir ces déceptions fréquemment. Je
ne veux plus entendre « c'était pas une super partie mais bon, on a
quand même eu des bons moments ».
Donc tant pis.
La bridée
sera désormais absente des tables de joueurs-participants lors de
tournois, conventions, joutes et salons mais soyez sûrs qu'elle
continuera de les soutenir.
J'espère que ce message, s'il est lu, ne sera pas pris comme une attaque personnelle ou autre.
Mais j'ai juste ressenti- je le répète- le besoin de m'exprimer sur tout ça.
Malgré tout ça,
Bon jeu à tous et à toutes,
Et
je continuerai bien évidemment à soutenir les conventions du mieux que
je peux afin que le jdr soit de plus en plus accessible, connu,
répandu, car malgré tout ce que j'ai pu dire ou écrire, j'aime
réellement le jeu de rôle. C'est
juste que je l'aime désormais d'une manière un peu plus exigeante.
A bientôt,
Yun la bridée égoïste et élitiste mais qui l'assume.